LE YUKON – LA DEMPSTER HIGHWAY

DU 17 JUILLET AU 22 JUILLET 2019

Nous entrons au CANADA dans le territoire du YUKON

Le Yukon tire son nom du fleuve Yukon, c’est le plus petit des trois territoires canadiens, avec une superficie de 482 443 km2 ; il possède une ouverture sur l’océan Arctique au nord. Sa capitale est Whitehorse. Grand comme l’Espagne ou la Suède il compte à peine 40.000 habitants.

Il a été créé en 1898 afin de répondre à la croissance de la population lors de la ruée vers l’or du Klondike

Les hivers sont froids : la région détient le record absolu de basse température au Canada (- 62,8 °C),  en février 1947

La frontière entre le Canada et l’Alaska est décrite comme un village de 2 habitants, qui sont les agents frontaliers.

Au poste, un jeune pas très aimable nous dit quelque chose en anglais que je ne comprends pas, je pense que c’était « ne bougez pas de votre siège », il va derrière et moi qu’est-ce que je fais ? je sors. C’est tout juste s’il n’a pas dégainé pour que je revienne à ma place.

En plus je pensais être à la frontière américaine. Il parle très vite, Bernard répond non à chacune de ses questions : avons nous de la drogue et des armes, puis  nous laisse partir.

La première ville est Dawson City, avant d’y accéder, nous traversons le Yukon en ferry, non en traversier, comme on dit ici.

Derrière nous, en attendant, un camping-car ou une maison sur roue ?

On croise ce bateau à aube, avec quelques touristes

et à l’arrivée sur l’autre berge, cette drôle d’embarcation.

On s’installe sur le parking du Visitor Center et nous y restons toute la nuit.

A l’intérieur, il y a du personnel qui parle français et qui va nous vanter tout ce qu’on peut faire dans le coin.

Nous décidons de partir le lendemain pour l’océan Arctique, sur la Route DEMPSTER jusqu’à TUKTOYAKTUK.

En août 1896,  trois Yukonnais découvrent de l’or dans le Rabbit Creek, ruisseau connu maintenant sous le nom de Bonanza Creek. La nouvelle se répand et fait rêver de fortune ou d’aventure. Un an après, la ruée vers l’or prend des proportions massives,  mineurs, comptables, agriculteurs, entrepreneurs astucieux, gens de tous univers prennent d’assaut le Klondike. On a trouvé de l’or valant plus de 95 millions de dollars.

Dawson city devient la plus grande ville canadienne de l’ouest.

Toutefois, dès 1911, lorsque l’or facilement extrait fut épuisé, la population de Dawson chuta à 8 512 habitants et de nos jours, elle n’est plus que d’environ 1200.

JEUDI

On décolle à 8h30, plein d’eau, essence, un peu d’espèce à la carte bleue et nous voilà partis pour 950 kilomètres de piste.

C’est la seule route publique au Canada à traverser le cercle polaire arctique. Nous n’avions pas fait la Route Dalton en Alaska, à Fairbanks la ranger française nous avait conseillé de faire celle-ci. Cette route a été construite en 1970 pour répondre aux besoins de l’exploration pétrolière à grande échelle dans la mer de Beaufort.

Jusqu’à midi nous traversons la forêt boréale, beaucoup de lacs et rivières, c’est très joli jusqu’à l’extrémité du parc de TOMBSTONE

On rencontre « des fous » très sportifs.

Un piéton

Très, très peu d’animaux

un mouflon de Dall, bien perché sur une falaise escarpée

des faucons mais très loin

Un beau renard qui prend des risques en continuant de manger sous nos yeux, une chance que Bernard a eu le temps de stopper.

Pendant 25 km nous suivons la Red Rivière, qui doit son nom aux émanations sulfureuses colorants également la terre.

On déjeune au bord de la route

On trouve toujours des forêts d’épinettes et des lacs

En arrivant à EAGLE PLAINS à 370 kms, on fait le plein d’essence et on voit sur le parking ce bus allemand que nous avions vu en Alaska. (A l’avant il y a les sièges et derrières les couchettes). Voilà des vacances qui ne se terminent pas très bien pour des voyageurs.

Photo obligatoire

Lorsque nous passons  le cercle polaire à 450 km du départ, il s’est mis à crachoter. La route devient légèrement glissante il faut faire attention. On cherche toujours les ours (heureusement sinon je m’endormirais)

Nous avons changé d’Etat nous ne sommes plus dans le Yukon mais dans les Territoires du Nord-Ouest et on change d’heure.

Une piste d’atterrissage directement sur la route, on ne doit pas s’arrêter.

Stationnement le soir un peu en retrait de la route, des Québécois  qui nous ont pris en photo au cercle polaire viennent s’installer à côté de nous.

Lorsque nous ouvrons la porte du camping-car, grande surprise tout est recouvert de poussière ! Nous n’avions encore jamais vu cela auparavant. Le lendemain matin, nous calfeutrerons la porte avec un ruban adhésif.

VENDREDI

Démarrage à 8h, nous voulons essayer de voir les animaux, mais avec le jour nous avons du mal à nous coucher de bonne heure.

La température est clémente mais on sent de l’humidité dans l’air.

Les montagnes sont maintenant recouvertes de lichens, plus d’arbres.

Nous prenons un premier traversier pour aller de l’autre côté. Il est tiré par un câble et il est fermé l’hiver car on traverse le fleuve sur la glace.

Premier village après 540 km de route.

À FORT MC PHERSON nous allons faire le plein d’essence (550 Km). Pas de prix sur cette pompe archaïque, le pompiste prendra sa calculette. Le prix a augmenté de 30 cts

Le paysage est très monotone, mais comme nous traquons toujours la grosse bête, le temps va passer assez vite.

Après une petite colline nous retrouvons de la végétation, des buissons et de toutes petites épinettes.

50 km plus loin, on  traverse la rivière Mackenzie encore une fois en traversier.  Il est plus grand et nous devons l’attendre pendant une vingtaine de minutes.

La piste est bonne, on roule presque normalement mais les paysages sont très décevants, forêt d’arbres rabougris et aucune faune. On espère qu’après nos 900 kilomètres, les villages Inuits ne vont pas nous décevoir.

C’est inimaginable la poussière que nous avons pris le long de la route sur notre voiture, une chance le calfeutrage effectué le matin à empêcher la poussière de pénétrer à l’intérieur contrairement à la veille.

Nous arrivons à INUVIK juste pour le repas de midi, on s’installe au Visitor Center que l’on va visiter en compagnie de Brigitte et Léo, les Québécois rencontrés la veille.

Une girouette, près de l’office du touriste !

Finalement la ville est assez décevante. En dehors de l’église catholique assez originale faite en sorte d’igloo, il n’y a pas grand-chose à voir, aucun charme comme dit mon guide.

Nous faisons un tour à la bibliothèque pour faire un peu d’internet et pour la première fois de notre voyage, on se fait voler quelque chose, en l’occurrence notre bouchon de réservoir d’essence. Une chance Bernard se souvient que nous en avions un dans le matériel qu’Alain nous a laissé.

Inuvik a été créée en 1959 : 3.150 habitants. Le soleil ne se couche pas pendant 57 jours du 24 mai au 24 juillet, en contrepartie du 5 décembre au 5 janvier il ne passe pas l’horizon.

On s’installe à l’entrée du village au bord d’un petit lac et d’un terrain de jeu pour notre bivouac.

Le temps est à l’orage lors de notre 2ème nuit.

Dans tout le delta, le pergélisol affleure la surface du sol, empêchant toute construction normale. La chaleur dégagée par une habitation aurait tôt fait de dégeler partiellement le sol et de créer un marécage. Les maisons sont donc construites sur pilotis ancrés dans la masse gelée en profondeur. Les canalisations ne sont jamais enterrées, elles sillonnent donc la ville au dessus du sol, pareil pour les citernes d’essence, elles sont mêmes très hautes, sinon elles seraient difficile d’accès sous la couche de neige. La route est également surélevée par endroits de plus de 2 mètres de haut.

SAMEDI

Départ ce matin à 10h pour les 150 km derniers kilomètres de pistes, pour rejoindre TUKTOYAKTUK (TUK) au bord de la mer de Beaufort sur l’Océan Arctique. Ce village est le plus au nord de la planète.

Pour la première fois en 2017, cette toute nouvelle route de 138 km, va permettre de faire connaître ce hameau de 900 habitants et la région de Beaufort-Delta au monde entier, mais surtout les habitants vont pouvoir rejoindre INUVIK les 3 mois d’été.

Il y a 2 ans ils ne pouvaient y aller que les 9 mois d’hiver où  ils circulaient en motoneige et avec des traineaux.

Maintenant les habitants de Tuk peuvent aller faire leurs emplettes en voiture jusqu’à Inuvik, ce qui a durablement et sensiblement fait baisser les prix des denrées alimentaires et des boissons, qui atteignaient des sommets prohibitifs lorsque ces divers produits étaient livrés par avion.

Le prix de cette petite Honda à INUVIK est de 7.500 € et un motoneige 7.800 € (Taxes et livraison de Winnipeg comprises…)

Voilà ce qu’on appelle un autoroute ici :

Nous sommes maintenant paraît-il dans le plus grand delta du monde, celui du fleuve Mackenzie.

Arbres rabougris, puis à mi-chemin des lacs, c’est moins monotone et enfin des plaines avec des végétations ligneuses, des centaines de lacs et des pingos.

On verra beaucoup d’engins abandonnés mais en état de marche, ils ont dû être laissés là pour l’été, et leurs propriétaires les retrouveront aux premières neiges.

En dehors des canards, des cygnes sur les mares, nous ne verrons pas d’animaux.

Et voilà lorsqu’on croise un camion, où qu’il va nous doubler.

Ce n’est pas une montagne que nous voyons au loin c’est un PINGO.

Savez-vous de quoi il s’agit ? Nous, nous ne connaissions même pas ce nom.

Un pingo est un grand monticule de glace recouverte de terre que l’on trouve dans les climats arctiques et subarctiques. Ils se forment lorsque l’eau s’accumule en dessous de la surface gelée du sol. L’accumulation d’eau gèle et gonfle et pousse ainsi la surface du sol qui forme une colline. Au fur et à mesure que ce processus se poursuit et que le sol est poussé vers le haut, le pingo grandit. Comme ils ne grandissent que de quelques centimètres par an, les plus gros peuvent prendre des décennies, voire des siècles, pour se développer.

Le plus grand au Canada est âgé de 1.000 ans et croît de 2,54 cm par an. Il mesure 49 mètres et s’étend sur 300 mètres. C’est le 2ème au monde par sa hauteur. (Ibyuk Pingo : c’est son nom)

Nous sommes dans le Parc National des Pingos, et aujourd’hui c’est la journée où tous les parcs au Canada sont gratuits (nous l’apprendrons un peu plus tard, sinon nous aurions peu prendre un bateau et aller en voir un). Il y a une petite fête, un peu avant l’entrée du village. On va jeter un œil.

Un Visitor Center a été aménagé provisoirement, mais il n’y a pas beaucoup de touristes.

Première approche de la ville : des décharges (que je ne montre pas ) et des réservoirs.

Ici certainement les appartements des ouvriers qui travaillent pour l’Etat

là commence le village

et les habitations

Nous n’avons pas vu d’hôtel, juste un restaurant dans un camion.

L’hôpital à côté du cimetière

Une cabane pour fumer le poisson que l’on me propose pour 20 dollars

La cabane de ce magnifique toutou

Le Visitor Center en ville.

Nous déjeunerons au bout du monde, il n’y a plus de route maintenant

J’irai mettre les pieds dans l’Arctique, pendant la sieste de Bernard, puisque c’est interdit de se baigner !

Celui-là on se demande d’où il vient, nous n’avons pas vu de nettoyage pour les véhicules.

Dans l’extrême Arctique, le soleil brille 24 heures sur 24 en été et il est très intense mais il peut aussi neiger chaque mois de l’année.

Depuis plusieurs générations les Inuits vivent ici, ils vivent de la chasse et de la pêche mais aussi de subventions.

Le reste de la ville que nous allons parcourir est bien triste, on verra juste un commerce près d’une pompe à essence. Ce diaporama vous montre le désordre qui règne ici.

 

Tout le monde nous fait un petit signe amical et dit bonjour.

Les résidents ruraux et principalement autochtones utilisent les rivières gelées pour se déplacer, conduisant des motoneiges ou d’autres véhicules.

Une fille bien courageuse qui vient de faire cette route (une Allemande)

Il y a une maison de glace qui fait office de congélateur géant pour la collectivité. Cette maison (celle qui est recouverte d’herbe) cache en fait 19 salles reliées par 2 tunnels qui a été creusés dans le pergélisol il y a plus de 50 ans. La population l’utilise pour conserver la viande résultant des chasses. Elle n’est pas ouverte au public pour garantir la bonne conservation de la viande.

Les habitants continuent de pêcher la baleine, et chassent le caribou. Ils ont su conserver leurs traditions.

J’ai réussi à trouver quelques fleurs parmi toutes ces vieilleries

Vers 16 h nous allons reprendre la route du retour.

(2 pingos)

Mais voilà pas si simple que ça de rouler sur cette caillasse.

Ni rien de plus simple que de changer un pneu. Mais pas pour nous. Impossible de décrocher la roue de secours qui se trouve sous le camper.

Une première voiture s’arrête mais ce sont deux femmes qui compatissent beaucoup. Il nous reste 70 km pour rejoindre Inuvik. Elles nous proposent en arrivant en ville de nous trouver un dépanneur. Nous sommes samedi et le temps qu’elles y arrivent il sera 19h. On accepte toute de même.

Un jeune avec un van va s’arrêter et faire tout son possible pour essayer de retirer cette fichue roue. 10 minutes après un ranger va s’y mettre également. Ils vont se glisser tous les deux sous le véhicule pendant plus d’une demi-heure et la roue va finalement tomber.

Une fois la roue de secours installée, le ranger va partir discrètement sans que nous l’ayons remercié, il faut dire que d’autres voitures se sont arrêtées et assistent à notre malheur.

Quant au jeune il va attendre que tout le monde soit reparti, il va nous mettre le pneu crevé à l’intérieur de la voiture. Il a bien mérité un bon pourboire.

Nous arrivons à Inuvik à 21 h, tout est fermé. Nous n’avons pas croisé de voiture de dépannage.

On retourne dormir où nous étions la veille, avec un orage en vue.

DIMANCHE

Ce matin le temps s’est rafraîchi, il fait beaucoup plus froid c’est-à-dire 10° degrés et cette nuit il a fallu que nous changions de place il y avait trop de vent, nous sommes partis 100 mètres plus loin à l’abri derrière les arbres.

On prend notre temps, hier soir nous avions demandé à un pompiste s’il pouvait nous indiquer un garage où faire réparer, il nous en a indiqué un qui serait peut être ouvert dimanche à 14 h.

A 11 h nous partons dans la zone industrielle et nous avons de la chance, le garage est ouvert. Le patron nous dit que nous sommes son 22eme client depuis ce matin (pour crevaison)

Notre pneu est mort, une pierre l’a coupée en plein milieu de la bande de roulement. Il a en stock un pneu d’occasion. Et pour 40 € nous aurons droit à un pneu, au montage et à la vérification de notre système de déblocage de la roue de secours. On ne s’en sort pas trop mal. Il remet la roue sous le véhicule.

Nous allons rouler beaucoup plus lentement nous avons 2 pneus qui ne sont plus identiques. On quitte la ville à midi.

Arrêt pour déjeuner 1h30.

A TSLIGEHTCHIC, on reprend le traversier

On ne descend pas de la voiture mais on entend des oiseaux. En levant la tête, on découvre plein de nids avec des petites têtes à l’intérieur.

On ne voit pas souvent la police mais lorsqu’on la voit c’est assez original, le véhicule s’apprête à monter sur le ferry (c’est une femme policier) Bizarre mais la route est tellement longue qu’il vaut mieux avoir sa maison avec soi !

Tout à coup mon regard et attiré par une grosse boule noire qui bouge au loin. Stop.

Jumelles : nos premiers ours ! Au loin il y en a 5. Les 4 autres nagent un peu plus loin

en grossissant la photo :

Ils sont vraiment loin.

LUNDI

Ce matin il fait nettement plus chaud, 18 degrés au lever dans le camper. Nous avons du soleil mais pas pour longtemps, car plus on avance plus le temps se couvre. C’est impressionnant car il ne s’agit pas de brume mais des feux de forêts au loin.

Nous étions passés sans nous arrêter dans le Parc de TOMBSTONE, cette fois on va aller y faire une petite balade.

Un beau sentier nous emmène à un lac où vivent des castors

Nous n’en verrons pas, mais voilà un arbre qui est bien attaqué

Et on reprend ensuite le chemin pour Dawson city. Un peu avant, nous allons nous arrêter pour nettoyer l’intérieur du camper. Nous enlèverons les coussins et ferons un grand nettoyage.

C’est bien la première fois qu’il est dans cet état.

Conclusion de notre périple sur les bords de l’Arctique : honnêtement, cela ne valait pas la peine de faire 1900 km.

La veille de notre départ, nous avions discuté avec des Canadiens qui en revenaient avec une petite caravane et qui nous avaient dit que si c’était à refaire ils n’iraient pas, ils avaient crevé 5 fois, leur détecteur de fumée s’est déclenché à cause de la poussière à l’intérieur.

Nous aurions dû les écouter…

Aujourd’hui, il n’y avait pas de vent, la poussière ne retombait pas. Nous n’avions qu’une hâte, c’était de rentrer au plus vite, nous ne nous sommes pas arrêtés pour déjeuner.

Nous aurions mieux fait d’utiliser les 600 dollars dépensés (400 €) pour l’essence et le pneu, pour faire un tour en avion ou en hydravion sur les glaciers.

 

Ce contenu a été publié dans CANADA, Yukon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

9 réponses à LE YUKON – LA DEMPSTER HIGHWAY

Répondre à Genevieve Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.